April 4, 2011

Quand maman s'est mariée, grand-maman me gardait (scroll down for English version)


De nos jours les jeunes décident de procréer en évitant de s’embarrasser de conventions désuètes…rien de plus attendrissant que d’assister à un mariage avec de jeunes enfants qui suivent papa et maman en robe blanche… Grand-maman Valéda ne me gardait pas au mariage de maman. Je suis née un an après le mariage de mes parents….maman Madeleine était réglo.

Si j’ai cru que ma grand-mère que j’adorais me gardait pendant le mariage de maman c’est que j’ai passé une très grande partie de ma vie de toute petite fille chez-elle dans sa belle grande maison qui a malheureusement été rasée par le feu. Grand-maman était tout sauf une femme au foyer…la bouffe, le ménage, le quotidien ne l’intéressait pas tellement.

Grand-maman était une femme émancipée, élégante et raffinée. Elle était directrice du service téléphonique du village et gérait également le service de messagerie de Bell Téléphone. J’étais sa première petite fille et elle était ma marraine. C’est ainsi que je me retrouvais pas mal souvent chez-elle.

Assise sur ses genoux alors que j’avais 4 ou 5 ans j’ai appris à lire et beaucoup appris de la vie. Son travail et celui de ses employées consistait à s’asseoir devant le « central téléphonique » : mystérieux tableau rempli de numéros de téléphone et de tout petits trous sous chaque numéro servant de courbe de transmission entre les abonnés. De grands fils reliaient Madame Gagnon numéro 43 désirant parler avec Madame Beaulieu au numéro 67 : grand-maman magicienne les mettait en contact.


Ma grand-mère m’appelait son assistante . Asssise sur elle, mon travail consistait à pointer les numéros de madame Roussel et de madame Therrien sur le « switch board ». Lors de mon apprentissage comme assistante je réalisai un jour qu’il était possible d’entendre les conversations entre les abonnés et je présentai à ma grand-mère une grande requête : « Grand-maman j’aimerais ça écouter ce que les madames racontent. »

Elle m’a alors fait une leçon de vie que j’ai retenue. « Je te donne la permission d’écouter mais tu ne dois jamais répéter les conversations que tu entends…elle essayait de me transmettre sa plus grande qualité : la discrétion. Comme elle le disait si bien le passe-temps préféré des gens qui n’ont rien à dire c’est de parler des autres. Je n’ai jamais oublié mon apprentissage d’assistante .

[Grand-maman, tante Henriette et tante Louise]
Quelques années plus tard elle coordonnait le système téléphonique de l’hôpital St-Alexandre des Escoumins. Elle y a travaillé plusieurs années. Devinez quel est le premier emploi que j’ai occupé pendant mes vacances d’étudiante? Le poste de téléphoniste de grand-maman à l’hôpital. J’ai répété à mon tour la petite phrase tant de fois entendue « Téléphoniste bonjour ».

Un salut bien particulier à toutes celles qui ont travaillé pour ma grand-mère. J’aimerais les nommer mais j’ai trop peur d’en oublier. Elles étaient mes idoles…j’ai du les déranger parfois…XXX

(scroll down for English version)

Grand-mama Babysat Me While Mom Got Married


Nowadays there is nothing scandalous about young people having children before getting married … as a result we often see young kids preceding their white gowned mom down the aisle. When my parents got married it was different; my grandmother Valeda did not take care of me during the wedding, I was born a year after their marriage… my mother respected the norms of her time.

Nonetheless, I believed that my grandmother babysat me during my parents’ marriage because I spent the majority of my childhood with her in the beautiful big house, that burned down about the time I became an adolescent.

My grandmother was everything except a housewife; cooking, cleaning and everyday chores did not interest her too much. She was emancipated, elegant and distinguished. She was manager of the local telephone service and also supervised the teletype message centre of Bell Telephone. I was her first granddaughter and she was my godmother. That’s why I was at her place so often.

Sitting on her knees when I was 4 or 5, she taught me how to read and I learned a lot of things about life. Her and her employees’ work consisted of sitting in front of a switchboard; a magical panel filled with telephone numbers and very small holes under each and many long wires which served as curved transmission lines between subscribers. For the time of a message, a chat and a bit gossip a wire would connect Mrs Gagnon number 43 to Mrs Beaulieu at number 67; my magician granny made it all happen.

My grandmother used to call me her assistant. While sitting on her lap, my work consisted in pointing the numbers of Mrs Roussel and Mrs Therrien … on the switchboard. During my training I realized that it was possible to hear the conversations between subscribers and I asked my grandmother a very big favour: «grandmother, could I listen to what people are saying? » She gave me a lesson of life that I remembered.

[Grand-maman, Aunt Henriette & Aunt Louise]

«You have my permission to listen but you must never reveal the conversations you hear»… she was trying to transmit her biggest quality: discretion. As she would say, the biggest pastime of people who have nothing to do is to talk about other people. I never forgot what I learned as her assistant.

Years later, she coordinated the telephone system of St. Alexander’s Hospital in the Escoumins. She worked there for many years. Guess what was my first summer vacation job when I was a student, Switchboard operator at the hospital. I repeated the little phrase that I had heard so many times «operator»

In telling this story I wish to salute all those who worked for my grandmother. I would like to name them but I am too afraid that I might forget someone. I must have been a pest for them sometimes but they were my idols… … xxx